Sauver le bouillonnement associatif

La vie associative c’est en quelque sorte la vie bouillonnante de la société, les fleurs sauvages qui poussent dans le champ sociétal, le creuset d’innovations, de revendications, d’améliorations déversées par des personnes et des groupes très divers aux opinions multiples. De ce creuset, surgissent des interpellations aux pouvoirs publics, des innovations pour améliorer le vivre ensemble, des exigences de meilleure démocratie, des éclairs de créativité culturelle, sociale, politique.
Les milliers d’associations qui existent dans notre pays, du club de pétanque aux groupes citoyens pour changer la ville ou la politique, constituent une richesse parfois boudée par les pouvoirs publics, par les partis politiques. Il existe une relation ambigüe entre la vie associative et la vie politique : les uns ont besoin de subventions pour mener à bien leurs projets, les autres sont parfois tentés d’instrumentaliser ces associations en les maîtrisant, les contrôlant par le biais de ces subsides. Qui, in fine, reconnaît officiellement l’utilité ou non, la nécessité ou non de telle ou telle association ? Les pouvoirs publics subsidiant selon leurs propres grilles d’analyse, leurs propres impératifs.
Ces dernières années, le dialogue entre les représentants politiques et nombre d’associations à tendances politiques s’est tendu. On assiste à des évaluations de type management administratif par des sociétés internationales de consultance qui ne connaissent rien à rien à cette exubérance sociétale et qui l’enferment dans leurs « cadres logiques », robotisant ainsi la description du travail accompli, de la mission qu’on se donne, des comptes et budgets stricts ne tenant pas compte de difficultés du terrain, spécialement pour les associations qui travaillent sur le terrain dans d’autres pays, d’autres continents.
Avant, les administrations effectuaient ce job d’accompagnement, de vérification, de distribution des subsides. Les politiques modernes semblent se méfier des connaissances accumulées par les administrations qu’ils soupçonnent sans doute de partialité, de « copinage ». Ils préfèrent alors payer très cher ces sociétés qui donnent une apparence d’impartialité aux décisions politiques ce qui dissimule bien souvent des choix politiques très contestables. Ainsi, la tendance actuelle est de faire mourir les petites associations, faute de subsides et de privilégier les « grosses » obligées ainsi de rester dans le cadre si elles veulent survivre. L’innovation est ainsi brimée et l’on privilégie la conformité, la voie moyenne, utiles, bien entendu mais de moins en moins créatrices. Alors que plus que jamais notre monde en péril a besoin de cette innovation, de ce désir de changement qui aident à imaginer des solutions valables pour tous.
Alter Echos 500
Ces réflexions sur la vie associative sont illustrées par le journalisme « debout » du magazine Alter Echos qui célèbre cette année son 500ème numéro. Sa mission depuis 26 ans ? Faire du journalisme social, débusquer les inégalités, aller sur le terrain là où vivent les gens, là où vibre la vie associative. Ce journalisme « debout » ambitionne de faire remonter l’information de la base, donc de la vie réelle des gens, au sommet, là où décident nos représentants politiques.
C’est, selon nous, le véritable journalisme, un peu trop abandonné par certains grands médias qui évitent les débats contradictoires sur les choix de société, qui ne se donnent plus le temps d’envoyer leurs journalistes sur le terrain afin de débrouiller des problèmes complexes et les exposer à leurs lecteurs.
Car tous peuvent participer aux débats sur la société que l’on vit et celle que l’on espère. C’est ensemble que l’on crée la démocratie. Telle est la leçon que nous livre Alter Echos n°500.
« Faire association »
Cela fait deux ans à présent que de nombreux travaux se sont articulés autour du thème « Faire association ». On y interroge le sens contemporain des démarches collectives et l’histoire du fait associatif selon différents angles : social, politique, philosophique, culturel, administratif, financier, économique, … Le 10 mars 2022 sera présentée la synthèse de ces travaux par le Collectif21 ; on y présentera le documentaire « 2021 Hypothèse Associations » qui retrace le basculement énorme vécu par les associations sans but lucratif devenues par la force du pouvoir libéral des quasi entreprises soumises au code des sociétés. Envolé l’esprit libre et frondeur des ASBL d’antan !
On y présentera aussi le livre « 100 ans d’associatif en Belgique… Et demain ? », réalisé en partenariat avec l’agence Alter. Il permet de poursuivre le débat sur ce que signifie s’associer, quelle est la spécificité de l’associatif, comment faire société demain…
Enfin l’occasion de se ressourcer aux forces vives de notre société.
A propos d’Entre les Lignes
entreleslignes.be ouvre un libre espace aux articles, photos, dessins ou vidéos qui permettent un retour sur l’actualité. C’est consacrer du temps aux sujets oubliés, parler de la pluie et du beau temps, de justice et d’injustice, dire les gens et la vie et les lieux. Inviter à la balade entre les lignes du jour pour ricocher vers des informations non prioritaires ou considérées sans importance. Sans autre objectif que d’ouvrir la porte et d’aller voir dans la rue comment va la vie, comment elle marche.
Le projet est d’aller se balader entre les lignes du temps et de ramener des histoires qui, comme dans la chanson « Trois petites notes de musique », n’ont l’air de rien mais valsent dans votre tête. (Marcel Leroy)
Mais entreleslignes.be est aussi un outil multimédia qui cherche à multiplier les points de vue des citoyens et des mouvements citoyens qui luttent pour une insurrection des consciences vers la construction d’une société plus juste et plus égalitaire. C’est pour eux que s’ouvre le « Cercle des penseurs libres » où circuleront les opinions et les débats. C’est pour eux que l’agenda proposera les activités et rencontres avec ceux qui expérimentent déjà les changements possibles de notre monde. Enfin s’ouvre un « fil laïque » qui dévidera les actualités laïques et humanistes du monde.